Natalie Aroyan
Elle a commémoré le centenaire du génocide des Arméniens en écrivant et en interprétant un nouveau spectacle intitulé « Un voyage arménien », au Sydney Concert Hall.
Condamnée à la noyade
Comme beaucoup d’autres Arméniens, la famille Aroyan a souffert du génocide de 1915 qui s’est déroulé au crépuscule de l’Empire ottoman.
Son arrière-grand-mère, Baydzar Nercessian-Demirjian avait tout juste huit ans quand les massacres ont commencé et, en quelques jours, elle a perdu ses parents et ses proches, tués par les Turcs ottomans. Elle a ensuite été jetée dans une rivière où elle était condamnée à se noyer. « Mais par chance quelqu’un l’a entendue appeler à l’aide et l’a secourue » dit Natalie Aroyan. Peu après, Baydzar a été placée dans un orphelinat. Puis des missionnaires américains l’ont envoyée dans un orphelinat en Grèce.
Baydzar Demirjian à l’orphelinat, signalée par une croix noire.
De la Grèce au Caire
Baydzar est restée en Grèce pendant plusieurs années, mais quand elle a eu l’occasion de partir au Caire, elle a saisi cette chance et a vécu chez une famille arménienne qui lui a donné le gîte et le couvert en échange de travaux domestiques. « Baydzar et mon arrière-grand-père, Meguerditch Achjian sont arrivés en Égypte à la fin des années vingt. C’est comme cela qu’ils se sont rencontrés et ont eu trois filles ensemble. C’est l’horreur qui les a menés au Caire, mais on peut dire que leur histoire a eu une fin heureuse » affirme Natalie Aroyan.
Meguerditch et Baydzar Nercessian avec leurs filles.
La marche de la terreur
Au même moment, les grands-parents paternels de Natalie Aroyan, Nerses et Khatoun Aroyan, se démenaient pour que leur famille ait un avenir. Avec leurs enfants, ils ont fui leur maison près de Rumlaké, dans l’actuelle province de Sanliurfa, en Turquie.
La menace de la terreur ottomane se faisant de plus en plus forte, ils ont traversé le désert syrien et ont dû abandonner un de leurs enfants en train de dormir sous un arbre pour éviter la déportation. « Heureusement, un autre survivant a pu rendre l’enfant à la famille avant qu’ils ne se remettent en route pour Alep. »
À Alep, ils sont allés directement dans un camp arménien qui appartenait à l’église locale. C’était le début d’un long séjour en Syrie, où ils ont eu six autres enfants. « Mon grand-père était maréchal-ferrant, mais ni lui ni ma grand-mère n’ont jamais oublié la bonté de la communauté qui les a accueillis au tout début. En 1955, ma grand-mère malade, est décédée laissant sept enfants aux bons soins de son mari » se souvient Natalie Aroyan.
Nerses et Khatoun Aroyan.
Une nouvelle vie aux antipodes
Entre 1968 et 1974, Nerses a émigré pour l’Australie avec ses sept enfants. La famille s’est vite adaptée à la vie aux antipodes, et Sarkis, le père de Natalie, y a fait une carrière de chimiste. C’est aussi là qu’il a rencontré la mère de Natalie, Lucy. « Mes parents m’ont beaucoup parlé du génocide, et savoir ce que ma famille des deux côtés a enduré pour arriver à créer la vie que j’ai eu en Australie est une leçon d’humilité », dit Natalie Aroyan.
Nerses Aroyan en Australie.
« Durant ma carrière, j’ai beaucoup voyagé, et éprouvé du bien être de rentrer en Australie.
Mais quand je suis arrivée en Arménie et que j’ai vu la pancarte « Bienvenue à la maison ! » à l’aéroport, je n’aurais pu me sentir aussi fortement liée à ma patrie
Être en permanence entourée de gens parlant arménien a été une expérience très émouvante, qui incite à la modestie et m’a fait ressentir mon appartenance. Mon appartenance à un pays, à un peuple qui se trouve très loin de l’endroit où je vis actuellement, et que je n’ai pourtant jamais oublié. Le passé de notre peuple ne doit jamais tomber dans l’oubli, mais nous devons reconstruire un avenir positif pour que notre pays prospère. »
Cette histoire a été authentifiée par l’équipe de chercheurs de 100 LIVES