Carole Tarpinian
Pour moi, l'héritage est de pouvoir transmettre la mémoire de mon peuple à ma descendance. Pouvoir connaitre l'histoire de mes ancêtres et retrouver ainsi mes racines.
Je suis fière d'avoir "l'âme arménienne", d'appartenir à ce peuple et d'avoir hérité des valeurs transmise par mes ascendants.
Ma plus grande réussite est d'avoir une descendance et de lui transmettre notre histoire.
Selon moi, l'héritage est de pouvoir transmettre la mémoire de mon peuple à ma descendance. Pouvoir connaitre l'histoire de mes ancêtres et retrouver ainsi mes racines. Je suis fière d'avoir "l'âme arménienne", d'appartenir à ce peuple et d'avoir hérité des valeurs transmise par mes ascendants. Ma plus grande réussite c'est d'avoir une descendance et de lui transmettre notre histoire.
Mon arrière-grand-mère maternelle, Kathoun et certains de ses enfants ont subi les massacres. L'une de ses filles qui devait avoir 3 ou 4 ans, était blonde et avait des yeux bleus. Elle a été enlevée par les Turcs et on ne sait pas si elle a pu être sauvée. Deux autres des enfants ont été tués et mon arrière-grand-mère maternelle a été laissée pour morte. Pendant la nuit, elle a réussi à partir chez des amis Turcs qui l'ont tout de suite emmenée à l'hôpital américain de Karpout (Kharberd, l’actuelle Elazig en Anatolie orientale). Elle a été retrouvée par hasard par ma grand-mère qui y travaillait comme infirmière. Ma grand-mère maternelle a donc été sauvée parce qu'elle travaillait à l'hôpital américain. Son père et un de ses frères étaient partis aux États-Unis et ont été sauvés comme cela. Les descendants de son frère vivent toujours là-bas.
Ma grand-mère et mon arrière-grand-mère sont restées à l'hôpital américain, elles ont pu ainsi être sauvées. Mon grand-père maternel et ses deux frères ont pu également en réchapper alors que leurs 3 sœurs, dont une était enceinte, et leurs parents ont été massacrés. Mon grand-père maternel et ses frères se sont sauvés en traversant à la nage un lac. Mon grand-père portait sur son dos son petit frère de 3 ans car il savait très bien nager. Ils ont rejoint l'autre rive et de là ils ont pu s'enfuir. Après avoir placé son plus jeune frère à Chypre chez les Arméniens (à l'Institut Melkonian), il est revenu en Turquie et est allé vivre chez des Arméniens qu'il connaissait et travaillait dans une famille turque de boulangers qu'il devait connaître, qui lui ont appris le métier. Son frère ainé est parti aux États Unis. Mon grand-père a donc travaillé pendant quelques années comme boulanger et faisait les livraisons de pain dans les villages voisins. La famille chez qui il vivait avait perdu une petite fille de 3 ans qui avait été enlevée par les Turcs. Un jour alors qu’il livrait le pain dans un village assez éloigné, il aperçut une petite fille qui ressemblait à cette enfant. Il l'appela par son prénom, elle se retourna et est venue vers lui. Il l'a prise avec lui sur son cheval et l'a ramenée à ses parents. Ils ont ainsi pu retrouver leur petite fille... Du côté de ma famille paternelle, mon arrière-grand-mère a essayé de sauver l'une de ses filles lors des déportations et l’aidant à fuir. Elle avait environ 5 ans. On ne sait pas si elle a survécu. Mon arrière-grand-mère et ma grand-mère ont été déportées mais ont survécu. Elles ont vécu durant quelques temps à Constantinople puis sont parties de Turquie pour la France. Je ne connais malheureusement pas les conditions exactes durant lesquelles se sont déroulés ces événements. Mon grand-père paternel était parti en Russie. Il a vécu là-bas quelques temps et a fait l'armée là-bas puis à rejoint mon arrière-grand-père paternel en France. Mon arrière-grand-père paternel quant à lui, était déjà parti aux Etats-Unis avant le génocide et a donc été sauvé.
Photo © Carole Tarpinian : Les arrières grands-parents maternels de Carole Tarpinian, son arrière-grand-mère qui avait été laissée pour morte puis transportée à l'hôpital américain. Son arrière-grand-père l'a faite venir aux États-Unis ou ils ont vécu et sont décédés.