Marie-Louise Sheitoyan
Je vis à Montréal au Québec au Canada. Ce dont je suis le plus fière de mes origines arméniennes, est le fait qu'aucun membre de ma famille - proche ou lointaine, maternelle ou paternelle - n'ait renié sa foi catholique pour sauver sa vie.
Ils ont été des martyrs pour leur foi. Du haut du ciel, ils nous protègent. En 2002, le pape Jean-Paul II a béatifié Monseigneur Ignace Maloyan (1869-1915), l’évêque arménien catholique de Mardin (au sud-est de la Turquie), ainsi que quelques paroissiens qui ont été martyrisés avec lui le 14 juin 1915. Natif de Mardin, mon père l'avait connu dans sa jeunesse avant de se sauver avec deux de ses frères. Ils sont les seuls qui ont pu se sauver et échapper au génocide. Ils ont trouvé refuge au Canada, plus précisément au Québec. Là-bas ils ont travaillé dans les mines d’amiante de Thetford-mines.
Leur plus jeune frère, Élie était destiné à être prêtre. Monseigneur Maloyan voulait l'envoyer à Rome pour qu’il poursuive ses études. Malheureusement, il perdit la vie lors du génocide et ses deux sœurs furent martyrisées. L'une d’elles, ma tante Jamilé, a eu les yeux crevés. Je l'ai connue avant sa mort à Montréal.
Mon père s'est marié avec une syrienne et a eu 18 enfants, 9 garçons et 9 filles. Il voulait que la nation arménienne perdure. Je suis la neuvième de la fratrie.
Je viens d’achever l’écriture d’une trilogie. Il s’agit d’un roman historique sur la vie d'une famille qui ressemble è la mienne. « Adieu l'Orient, bonjour l'Amérique » est le titre du premier tome « la fin d'un monde » raconte l'enfance de mon père en Turquie jusqu'à son mariage. J'ai lu pour me documenter le Livre bleu du gouvernement britannique concernant le traitement des Arméniens dans l'Empire ottoman publié en Grande-Bretagne en 1916. J'ai inclus quelques faits qui sont arrivés aux personnages de mon livre. Dans le premier tome, je raconte un fait vécu par ma grand-mère, Wardé : elle a allaité le fils d’un notable turc Mardin pendant quelques mois. L'histoire du livre est romancée, mêlée de fait véridiques et imaginés. Je parle aussi de ces bons musulmans qui ont sauvé quelques membres de cette famille de la déportation, comme le frère de lait musulman du dernier de la famille et quelques soldats turcs qui risquèrent leur vie pour les sauver. L'un d'eux va mourir en sauvant un enfant de la famille. Dans le deuxième tome, je décris l'enfance de la future femme de cet Arménien, en Syrie et au Liban « L'espérance d'un monde nouveau » est le troisième tome. Débarqués dans 'le Nouveau-Monde' au Québec, les nouveaux mariés et leurs quinze enfants, moitié arméniens, moitié québécois. Chaque tome fait 300 pages environ. J'aimerais que vous m'aidiez à l'édition de ces trois livres. Merci !
Marie-Louise Sheitoyan